Une accessibilité accrue aux soins psychologiques

De récentes études canadiennes ont démontré que l’éducation, les revenus et les coûts des services comptent parmi les facteurs qui régissent le recours aux services de fournisseurs de psychothérapie, comme les psychologues de première ligne. Par ailleurs, les politiques en matière de santé devraient tenter d’améliorer l’accès des personnes défavorisées à ces services. À ce jour, le Royaume-Uni et l’Australie ont introduit l’accès aux soins psychologiques subventionnés par l’État.

Au Royaume-Uni, l’objectif du programme Improving Access for Psychological Therapies (IAPT) était de permettre aux Primary Care Trusts (PCT) d’implanter des psychothérapies fondées sur des données probantes destinées aux individus qui souffrent de dépression et d’anxiété, selon la recommandation du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE). En octobre 2007, the Secretary of State for Health a annoncé un investissement supplémentaire de 173 millions GBP (267 millions CAD) de 2008 à 2011. Ces fonds sont destinés à la mise sur pied d’un important programme de formation dont l’objectif est de former des psychothérapeutes qualifiés dans quatre domaines thérapeutiques auprès des adultes et des enfants : la thérapie cognitivo-comportementale; la thérapie psychanalytique psychodynamique; la thérapie systémique et familiale; la thérapie humaniste.

Les principaux objectifs du programme pour 2011 étaient :

  • d’avoir formé 3 600 nouveaux thérapeutes possédant les compétences appropriées et d’avoir effectué les arrangements nécessaires en terme de supervision (approximativement 40 thérapeutes formés/250 000 personnes/PCT);
  • d’avoir traité 900 000 personnes supplémentaires (1 personne de plus sur 50);
  • que 50 % des patients ayant terminé leur thérapie soient rétablis;
  • de réduire de 25 000 les personnes qui reçoivent des prestations de maladie.

Finalement, la continuité du programme IAPT devait être assurée par l’engagement des PCT, qui y investiraient 173 millions GBP annuellement. Ces fonds serviraient à verser les salaires des thérapeutes nouvellement formés. Jusqu’à présent, les résultats obtenus aux deux projets-pilotes, à Newham et à Doncaster, ont démontré des améliorations cliniques et comblé les besoins de la population sur le plan de la santé mentale en permettant l’accès au programme sans recommandation, ce qui permet d’atteindre des personnes qui ne le seraient pas autrement.

En Australie, Better Access, lancée en novembre 2006, était une des initiatives les plus importantes du National Action Plan on Mental Health 2006-2011 du Council of Australian Governments (COAG) (Victorian Government, 2006). Le plan d’action national en santé mentale comprend un investissement de 1,2 milliard de dollars destiné à l’intégration et à l’amélioration du système de santé mentale. Le but de l’initiative Better Access était d’améliorer le traitement et la prise en charge de la maladie mentale, d’accroître l’accès de la population à des services de professionnels et à des équipes de soins en santé mentale ainsi que d’offrir des soins de santé mentale plus abordables. Les omnipraticiens étaient encouragés à collaborer plus étroitement avec les psychiatres, les psychologues cliniciens, les psychologues, les travailleurs sociaux et les ergothérapeutes. En vertu du programme Better Access, les psychiatres, les omnipraticiens et les psychologues (ainsi que les travailleurs sociaux et les ergothérapeutes adéquatement formés) peuvent prodiguer des soins de santé mentale subventionnés par le programme Medicare Benefits Schedule (MBS) pour lesquels les patients ne paient pas. Contrairement au Royaume-Uni, en Australie l’accès aux services psychologiques est offert par des fournisseurs de soins privés, plutôt que par l’attribution d’enveloppes budgétaires.

En décembre 2009, 16 450 professionnels de la santé mentale, 24 000 omnipraticiens et 1 700 psychiatres inscrits à Medicare Australia procuraient des services en vertu du programme Better Access. À cette date, en Australie, deux millions de personnes (1 sur 11) avaient reçu des soins de santé subventionnés d’une valeur totale de 11,2 millions de dollars.

En conclusion, ces programmes ont augmenté l’accès aux soins psychologiques des personnes souffrant de problèmes de santé mentale. Au Canada, les services des psychologues ne sont pas couverts par les régimes provinciaux d’assurance maladie, cela constitue un obstacle majeur à l’accès aux services et réduit le nombre de personnes traitées. Accroître l’accès à ces services (comme cela a été fait au Royaume-Uni et en Australie) permettrait de réduire les disparités entre les Canadiens qui ont accès aux psychothérapies. Ultimement, cela permettrait également d’améliorer la santé mentale, de réduire le nombre de personnes invalides et d’alléger le fardeau de la maladie sur la population canadienne.

 

Un commentaire pour "Une accessibilité accrue aux soins psychologiques"

  1. Sachant que les troubles dépressifs et anxieux sont les plus prévalents dans la population québécoise et canadienne, et considérant les propos de monsieur Martin Drapeau, tenus dans l’entrevue qu’il a accordée à l’équipe du réseau Qualaxia, selon lesquels la psychothérapie est bénéfique dans 75 % des cas, augmenter l’accessibilité aux services de psychothérapie semble incontournable afin d’améliorer la santé mentale de la population québécoise.

    Les initiatives pour augmenter l’accessibilité aux services de psychothérapie présentées dans cet article sont fort intéressantes. En effet, les programmes de subventions de formations des intervenants pouvant offrir des services de psychothérapies et le remboursement des séances de psychothérapie par l’État ont montré une efficacité à contribuer à l’amélioration de la santé mentale de la population.

    Actuellement, le Québec ne s’est pas doté d’une telle politique quant à l’accessibilité aux services de psychothérapie. Néanmoins, quelques efforts ont été faits afin de favoriser l’accès à la psychothérapie, comme accorder une prime de près de 15 % aux psychologues exerçant dans le secteur public. Cette dernière politique a été mise en place au début de l’année 2012. Toutefois, est-ce que cette mesure sera suffisante et efficace pour pallier le manque d’accessibilité à la psychothérapie actuel?

    Une barrière à considérer dans la stratégie du Québec quant à la problématique du manque d’accessibilité à la psychothérapie demeure la méconnaissance de l’offre de services et de son efficacité. Un programme de formations standardisées des intervenants pouvant faire de la psychothérapie et des soins en collaboration pourraient diminuer l’impact, dans une certaine mesure, de cette barrière et ainsi répondre aux besoins de la clientèle et leur rendre accessible les services de psychothérapie.

     

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